Vendredi 13 août 1999 :

(Pour le paragraphe suivant, seuls les lecteurs ayant eu la joie et la difficulté de lire l'écriture de Benoît pourront mesurer l'authenticité de ses paroles. Mais il faut bien que le manuscrit garde un avantage sur la dactylographie…)

Tremblez, pauvres lecteurs !!!

Voici l'horreur absolue, le cauchemar des Egyptologues, le choléra des stylos bics, la peste des feuilles blanches !

Personne non personne n'a jamais pu décrypter un message entier manuscrit par mes soins ! Trois lignes de mon écriture prennent déjà des allures de plats Mauritaniens, une demi-page rappelle les délicieuses plages de pêcheurs de Dakar, et un feuillet complet nous transfère directement dans la saleté des bas-fonds de Satara !

Je suis là pour votre malheur ! Je suis le souilleur de papier et toute votre vie vous regretterez mon passage, AH, AH, AH !!!

Passons alors à ce qui nous intéresse : la journée du vendredi 13 ; réveil 8 h 10 comme hier, petit déj, etc. Vers 10 h, nous allons téléphoner pour confirmer les billets d'avions. Voici notre progression téléphonique pour enfin arriver à nos fins :

               -Nouvelles Frontières France

               -Service des confirmations Air Afrique

               -Aéroport Dakar

               -Air Afrique

               -Service des confirmations Air Afrique

               -Nouvelles Frontières Sénégal

Après cela nous partons vers 10 h 30 prendre le car rapide pour la chaloupe ; durée estimée du voyage : moins d'une heure. Durée réelle : 2 heures et la chaloupe qui nous passe sous le nez… Pour tuer le temps jusqu'à la prochaine chaloupe (14 h 30) nous nous rendons dans un fast-food où nous dégustons, non, mangeons ou plutôt ingurgitons des hamburgers à l'occidentale : steack, œufs, ketchup, mayo, etc. Pour la première fois depuis le début de notre périple nous larguons un Africain (en l'occurrence Baba) au cours d'un repas ! A la fin de son hamburger il est mort et il nous regarde ébahi avaler tranquillement notre seconde victime…

Après cela nous nous apprêtons à sortir du fast-food quand nous apercevons une horde de Sénégalais s'installer devant la porte. Baba nous explique ce qui se passe : il s'agit en fait d'un voleur pris la main dans le sac sur le point de se faire lyncher. Comme lorsqu'au Sénégal quelqu'un amène un voleur au poste de police, c'est le volé qui doit payer la nourriture de son voleur, les gens préfèrent rendre la justice de cette façon : un homme n'a pas le droit de voler ; s'il le fait, il n'a plus droit à la vie. Quant à la police, elle est là pour superviser. Nous voyons un agent arriver, ce qui nous laisse envisager une dispersion de l'émeute, mais nous le voyons alors sortir une matraque, cogner sur le voleur puis repartir… Lorsque nous repartons vers la chaloupe, nous recroisons le groupe toujours entrain de tabasser petit à petit leur proie qui commence déjà à tituber… Une chose qui nous choque, c'est que les Sénégalais se réjouissent du spectacle : ils ont tous le sourire aux lèvres en disant "il faut lui casser la gueule".

Après cette histoire, nous prenons la chaloupe pour l'île de Gorée. Il s'agit en fait du plus gros site touristique de Dakar : c'est l'île du départ des esclaves vers les Etats-Unis lors de la Traite des Noirs. L'île est couverte de constructions françaises (Européennes plutôt). Après la visite de l'église, de diverses rues de l'île, nous nous rendons à la maison des esclaves : dernière escale avant le grand départ (sans retour). C'est lors de cette visite que nous retrouvons par le plus grand des hasards les Compagnons de l'équipe de Point du Jour de Lyon, qui finissent leur projet au Sénégal en même temps que nous, prennent l'avion à la même heure que nous, mais arrivent à Lyon 24 heures après nous après une longue étape à Lisbonne… Bien fait pour leurs mouilles.. Je sais que c'est de la mesquinerie pure mais ça me fait plaisir de savoir que les autres vont glandouiller pendant que nous, nous serons chez nous, ah ah ah !!!

Après la visite nous prenons un verre dans un bar à toubabs à tarifs de toubabs. Au moment de payer, Ben (pas moi, l'autre imposteur) a le malheur de dire au serveur que c'est un voleur (pour eux c'est l'insulte suprême), il est donc très vexé. Après cela, baignade puis retour à Dakar chez Baba.

Nous faisons des courses pour manger une nouvelles fois d'excellentes pâtes à la française. Après cela je m'arrête car j'ai rattrapé le fil des évènements, il est donc temps d'aller se coucher avant la journée de demain, notre dernière journée en Afrique…

Benoît

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