Dimanche 8 août 1999 :

Journée habituelle avec au programme comme d'habitude le matin chantier. Je suis en train de perdre la vue, mes yeux me font mal, et je suis obligée de garder un foulard sur les yeux ; tout le monde m'aide à me déplacer, je suis une véritable handicapée. Le chantier se déroule normalement, et le vent souffle, ce qui rend le travail moins fatigant. Après cela tout le monde revient au camp ; aucun blessé à déplorer, le moral des troupes est bon, bien qu'une fatigue générale se fasse ressentir.

Après un repas euh.. comment dire … court, nous entamons une sieste bien méritée. Toutes les journées sont identiques, et l'activité de l'après-midi varie selon le programme. Cet après-midi est consacré à un débat sur les différences du scoutisme Français et Mauritanien.

Marie

Thiombé anime le débat avec sa coordination habituelle. Après un rappel rapide sur la création du Scoutisme par Baden-Powell, nous essayons tout d'abord de définir les structures dans chaque pays : découpage des mouvements, unités, groupes, etc… puis des principes, lois, suivis dans chaque pays. Moralité : si la discussion a pu être très intéressante, en faire le récit est tout à fait chiant.

Je passe donc à la suite. Douche. Bouffe. Couché. (Envoyez c'est pesé !)

Benoît

Je me permettrais de faire un rajout sur ce qui a été dit lors de la discussion. En Mauritanie, les langues officielles sont l'arabe et le français. Cependant le Gouvernement actuel étant arabophone, il privilégie cette langue ; les diplômes, auparavant rédigés en français, le sont maintenant en arabe et Cheikh nous expliquait que cela posait des problèmes pour la reconnaissance dans d'autres pays (Sénégal, Europe) qui ne lisent pas l'arabe. Au niveau des panneaux indicateurs, on a pu constater que dans les zones à majorité francophone (Sud, région du Sénégal) les indications étant d'abord en français puis en arabe, alors que dans les zones à majorité arabophone (Nouakchott, Route de l'Espoir) c'est l'inverse.

Tout ça pour dire que le phénomène d'arabisation pose des problèmes aux francophones, et cela se répercute dans le mouvement Scout ; le Gouvernement souhaite que les responsables des mouvements associatifs soient arabophones ; cependant le mouvement Scout Mauritanien a pris naissance à Boghé (Région Pulaar où le français est parlé) et est surtout composé de personnes francophones. Lors des réunions du Bureau National, lorsque l'équivalent de notre Commissaire National est élu, la majorité francophone parle et élit un dirigeant francophone, qui ne sera pas reconnu par les autorités (qui, si vous avez bien suivi, réclament un arabophone). Résultat : le Bureau National ne s'est pas réuni depuis deux ans comme nous l'a précisé Thio (lui-même Commissaire dans la région de Rosso, Trarza), et le mouvement est quelque peu paralysé car aucune directive nationale n'est clairement édictée. A cela s'ajoute le manque de moyens financiers qui les empêche d'avoir des uniformes, une administration à plein temps comme chez les Scouts de France, et d'organiser des camps de longue durée. Les Scouts n'étant pas très riches, c'est nous qui avons payé la nourriture et le matériel du camp ; lorsqu'ils n'ont pas d'aide financière, ils peuvent juste camper quelques jours : chacun amène entre 50 et 100 UM (1 et 2.50 FF)(NDLR : Manue a un bac scientifique…) avec un verre de thé, et ils se débrouillent pour faire avec. En résumé, nos coopérants Scouts Français ne vont pas chômer pour tenter d'aider leurs alter ego Mauritaniens.

Manue

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